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TIC@le: TIC, langues et formation des enseignant(e)s
24 mai 2009

Quand ce sont les enseignants qui décrochent...

enseignantLeChatDans le journal québécois Le Devoir [qui est un très bon quotidien, soit dit en passant] de la semaine dernière, je suis tombée sur un article intéressant "Quand le décrocheur, c'est le professeur...". Le titre est assez évocateur...

Cela m'a rappelé l'enquête de Karsenti T., Collin S., Villeneuve S., Dumouchel G. et Roy N. (2008). Pourquoi les nouveaux enseignants d’immersion ou de français langue seconde quittent-ils la profession? Résultats d’une enquête pancanadienne*. Ottawa, ON: Association canadienne des professeurs d’immersion.

Au Québec [je ne sais pas pour la France] on parle beaucoup de décrochage scolaire. C'est un thème récurrent en éducation, mais on ne parle que du décrochage des élèves. Malheureusement, en éducation, les élèves ne sont pas les seuls à "décrocher"; les profs aussi. Les jeunes [pas forcément par l'âge] profs devrais-je dire, puisque les statistiques canadiennes  précisent que environ 1 enseignant débutant sur 4 abandonne la profession dans les 5 premières années. Cette situation, loin d'être spécifique au Canada, est au contraire internationale. L'étude de Karsenti & al. précise ainsi qu'

      Aux États-Unis, Ingersoll (2002) note que le taux de décrochage enseignant est plus élevé que dans bien d’autres professions: 46 % des nouveaux enseignants délaisseraient l’école au cours des cinq premières années de pratique. L’étude comparative de Stoel et Thant (2002) de huit pays industrialisés montre qu’au Royaume-Uni, 40 % des enseignants débutants abandonnent la profession durant leurs trois premières années de pratique (Dolton et Van der Klaauw, en 1995, obtenaient près de 44 %) alors que l’Australie connaît 18 % de décrochage pour les femmes âgées de 25 à 29 ans, les données pour les hommes étant indisponibles (Stoel et Thant, 2002). Karsenti & al., 2008, p. 12 du rapport final

Il est intéressant de remarquer que la France, l’Allemagne ou le Portugal ont un "taux d’attrition inférieur à 5 %"(Karsenti & al., 2008, p. 12 du rapport final). Connaissant le système français, cela ne m'étonne pas. On ne quitte pas l'EN comme ça! [Allez demander à Pépina!]. Ce qui m'étonne par contre, ce sont les hypothèses avancées par Stoel et Thant (2002); non pas celle qui parle de "la centralisation du système éducatif", mais plutôt celles qui parlent "des programmes d’enseignement, [de] la non mise en cause des enseignants en cas d’échec des élèves et [d']une évaluation davantage formative que sommative du corps enseignant." Je ne vais pas élaborer aujourd'hui [il y aurait beaucoup trop à dire]; je crois néanmoins que les programmes d'enseignement ne sont pas meilleurs ou plus adaptés en France, que les enseignants français sont également parfois mis en cause en cas d'échec des élèves et que l'évaluation des enseignants français est loin d'être plus formative que sommative! [J'attends les commentaires des collègues français avec impatience]

Alors, pourquoi est-ce que les enseignants "décrochent"? Bien-sûr, on pense tous aux élèves difficiles. S'il est vrai que la -parfois très difficile- gestion de classe est l'un des motifs d'abandon, ce n'est pas le seul. Dans les deux écrits, les auteurs rappellent que le manque de soutien des collègues et de l'administration est souvent cité comme un facteur aggravant le décrochage/l'abandon chez les enseignants. Dans l'enquête de Karsenti & al. le manque de soutien des collègues et de l'administration serait même plus important que le manque de soutien des parents (d'élèves), autre facteur cité dans les deux écrits. Je dois avouer que j'ai moi-même pu constater le manque de collaboration/coopération dans les différentes écoles françaises (de France) et les écoles québécoises. Bien entendu, je ne peux pas généraliser puisque dans chaque école j'ai pu également constater que certains collègues étaient toujours prêts à aider, à collaborer, à coopérer. Par contre, je ne pourrai pas en dire autant des administrations...

Tout ça pour dire (et je le répète!) que la COLLABORATION et la COOPÉRATION sont deux valeurs extrêmement importantes et encore plus dans notre milieu. L'enquête de Karsenti & al. conclue d'ailleurs sur l'importance du mentorat. Je crois que les profs ont une nette tendance à l'individualisme. Et bien moi je dis que EDUCATION et INDIVIDUALISME sont deux termes antinomiques!!!


* Vous pouvez lire le rapport final ici ou bien une synthèse .


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Commentaires
C
Je reviendrai probablement prochainement, maintenant qu'un cours exigeant à la maîtrise est terminé. J'ai un programme de lecture pour la saison d'été. Même si j'aurai à travailler, ce sera certainement plus léger!
F
C'est sûr que vu sous cet angle-là... Comme tu dis, heureusement que tu positives et que tu aimes ton métier. Finalement, en te lisant, je me dis que j'ai eu beaucoup de chance dans mon parcours québécois. <br /> Dis, quand nous reviens-tu sur "Prof envers et contre tout"?<br /> Bizzz et à bientôt sur la blogosphère (ou dans les rues de Montréal ;-)<br /> Fleette.
C
J'aime beaucoup ton article que je trouve très intéressant. Sans y aller du côté théorique, je vais y aller avec ma propre expérience. J'en suis à ma troisième année d'enseignement au primaire. L'année dernière, j'avais une tâche partagée (dans différentes classes à différentes journées). Étant très loin sur la liste de priorité, j'ai encore une tâche partagée cette année. Pas n'importe laquelle! J'ai une classe de multiâge 1ere-2e, une classe de deuxième, une classe de troisième, deux classe multiâge de 3e-4e et une classe de cinquième. Évidemment, ces classes se trouvent dans deux écoles différentes, dont une à vocation alternative.<br /> <br /> Sincèrement, j'aurais eu toutes les raisons du monde pour décrocher. Quel plaisir y a-t-il à enseigner? Par d'appartenance au milieu, pas vraiment d'attachement avec les enfants. Pour moi, ce n'est pas ça enseigner. Le pire, c'est ce que je risque de faire pour quelques années encore. Heureusement, je suis capable de voir le côté positif, mais c'est loin d'être la job rêvée.
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