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TIC@le: TIC, langues et formation des enseignant(e)s
3 juillet 2009

De la formation initiale à la formation continue des enseignants: partie 1, au Québec

Et voilà! Après toutes ces années d'études, ces travaux, ces stages, ces difficultés, ces petits et grands bonheurs aussi, vous vous retrouvez enfin le dos au tableau. Ce tableau que vous avez si souvent contemplé et tenté de déchiffrer. Vous lui tournez maintenant le dos. Mais vous, devant tous ces visages inconnus, vous vous demandez ce que vous allez bien pouvoir y écrire sur ce tableau...

confessionsjeuneprofC'est officiel! Vous avez complété votre formation; vous avez eu vos diplômes et c'est en vous appelant "Madame" ou "Monsieur" qu'on s'adresse à vous dans la classe.
Vous êtes prof.
Vous avez franchi toutes les étapes.
Vous êtes prof.

Et maintenant?
Êtes-vous vraiment prêt(e) à affronter tout cela? Vous a-t-on réellement fourni les armes nécessaires à une telle tâche? Une tâche essentielle; une tâche extraordinaire; une tâche difficile.

Vous avez reçu une formation............ initiale.
I-NI-TIAL... Le début, le commencement.

Vous êtes un(e) prof qui débute; un(e) prof qui commence; un(e) prof qui a besoin des autres; un(e) prof qui ne doit surtout pas cesser d'être apprenant(e).
La formation initiale n'est ... qu'un début, un commencement. D'où l'importance de la formation continue.


Dans le cadre de la réforme en cours au Québec, le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS) reconnaît l’importance [ouf!] de la formation des enseignants (Gouvernement du Québec, 1999) . En 2001 il a proposé un référentiel de douze compétences professionnelles (regroupées en quatre catégories) qui reflètent les compétences attendues des nouveaux enseignants. Ce référentiel constitue [encore!] le document officiel du Ministère en matière de formation des maîtres pour la formation générale.

competencesprofMELS_copy

http://www.mels.gouv.qc.ca/dftps/interieur/PDF/formation_ens.pdf

Je m'intéresse particulièrement aux compétences trois, quatre, cinq et huit qui insistent sur une notion qui m'est chère: la collaboration. En effet, les enseignants doivent être prêts à ne plus travailler seuls, à partager leurs savoirs, leurs ressources et donc à construire avec les autres. Quoi de plus facile aujourd'hui avec les TIC?!! Pourtant, ce n'est pas si simple. Les enseignants doivent adopter "de nouveaux comportements et de nouvelles attitudes : rechercher de l’information pour comprendre et résoudre une situation, partager de l’information, s’ouvrir à d’autres façons de faire, avoir un regard critique, exposer ses pratiques pédagogiques publiquement, etc.." (Martinet et al., 2001[1], pp. 107-108) C'est loin d'être évident pour tout le monde.

De la formation initiale...

Pour enseigner dans les écoles secondaires du Québec il faut avoir une autorisation d’enseigner. Cette autorisation d’enseigner est délivrée, par le MELS, aux étudiants qui ont obtenu un baccalauréat en éducation [2], au terme d’une formation universitaire théorique et pratique de quatre ans.

La formation pratique dans les programmes de baccalauréat d’enseignement au Québec est importante [même si elle me semble encore bien insuffisante] ; les futurs enseignants doivent en effet faire cent-vingt jours de stage répartis sur les quatre années de leur formation [en France, ce sont deux années d'IUFM après une licence -mais c'est en train de changer- et un volume horaire total des stages d'environ 400 heures pour le premier degré et de 320 heures pour le second degré]. Les stagiaires peuvent ainsi fréquenter plusieurs écoles et bénéficier de l’expérience des enseignants en exercice. C’est ici que la formation continue prend toute son importance puisque les futurs enseignants ont tendance à reproduire les expériences vécues pendant leurs stages. Par exemple, en matière d'intégration des TICE, voici ce que note Karsenti (2004, p. 274 [4]): « des futurs maîtres exposés à des pratiques d’intégration des TIC peu innovantes auront tendance à reproduire ces mêmes pratiques dans leur future profession ». Si donc les enseignants d’expérience utilisent les TICE, les futurs enseignants seront plus enclins à les utiliser également. Le problème est justement que ces enseignants d’expérience n’intègrent pas vraiment les TICE à leur enseignement et les utilisent « davantage à des fins de gestion, c’est-à-dire à des fins non liées à l’apprentissage et à l’enseignement » (Karsenti, 2004, p. 269). Il est vrai, comme le précise Karsenti (2004), que la majeure partie des professionnels de l’enseignement actuellement en exercice proviennent d’un univers de formation initiale où la construction de compétences informatiques minimales n’était pas un objet de qualification professionnelle. (Larose & Peraya, 2001, p. 35) [5] Même si ce phénomène tend à changer/évoluer, les recherches démontrent que la formation aux TICE est encore insuffisante/inadaptée.

A la formation continue.

Pourtant, la réforme en cours au Québec oblige les enseignants « à intégrer le recours à ces technologies en tant que composante majeure de leur instrumentation didactique » (Larose & Peraya, 2001, p. 35). Il importe donc de les aider dans cette tâche complexe. C’est le rôle de la formation continue.

Même si le MELS reconnaît là encore l’importance d’une formation continue des enseignants (Gouvernement du Québec, 1999) et que des Centres d’enrichissement en micro-informatique scolaire (CEMIS) et un Centre d’enseignants et d’enseignantes (CEE) sont censés contribuer à l’application de connaissances pédagogiques nouvelles et à l’intégration des technologies de l’information et de la communication aux pratiques pédagogiques (Gouvernement du Québec, 1999), il reste que dans les pratiques, «pour la plupart d’entre eux, les membres du corps enseignant actuel ont une expérience nulle sinon réduite de l’apprentissage avec les TIC » (Desbiens & al., 2004, p. 19). Karsenti et Larose (2005-b) précisent même que lorsqu’il y a intégration, elle « demeure relativement marginale et relègue l’informatique pédagogique au rang de matériel scolaire auquel on recourt, ou on fait recourir l’élève, de façon peu fréquente » (Karsenti & Larose, 2005-b, p. 208) et que « au Québec comme ailleurs dans le monde, on déplore la faiblesse du soutien technique accordé au personnel enseignant » (Karsenti & Larose, 2005-b, p. 209). Cela me ramène à la discussion sur le rôle et les compétences des conseillers TIC [je reviendrai bientôt dessus].

La formation continue, en ce qui concerne les TICE, n'est donc pas adaptée; mais comment y remédier? Comment l'améliorer? Et ces lacunes, sont-elles spécifiques à l'intégration des TICE ou bien symptomatiques de la formation continue en général?

La suite au prochain épisode.


[1] MARTINET M.A., RAYMOND D. & GAUTHIER C. (2001). La formation à l’enseignement. Les orientations, les compétences professionnelles. Québec : Ministère de l’Éducation, du loisir et du sport. Direction de la formation et de la titularisation du personnel scolaire. [En ligne]http://www.mels.gouv.qc.ca/dftps/interieur/PDF/formation_ens.pdf (consulté régulièrement entre 2006 et 2009).

[2] En 2006, des modifications ont été apportées au Règlement sur les autorisations d’enseigner, précisant que « [les] titulaires d’un baccalauréat dans une discipline enseignée au secondaire, aux étudiants de quatrième année des programmes universitaires de formation à l’enseignement, de même [que les] enseignants du collégial [pourront] obtenir, à certaines conditions, une autorisation temporaire d’enseigner. Les nouvelles dispositions leur permettront d’exercer la profession tout en poursuivant leur formation en pédagogie » (MELS, 2006-e).

Pour ce qui est des langues, le domaine d’apprentissage des langues regroupe la langue d’enseignement, la langue seconde, la langue tierce  avec, comme profil de sortie, un baccalauréat en enseignement des langues secondes [3]. Les profils de sortie "précisent les compétences professionnelles que le futur maître doit posséder au terme de la formation initiale, le contexte d’intervention dans lequel il doit être en mesure d’exercer ainsi que les matières ou disciplines scolaires qu’il doit pouvoir enseigner". (Martinet et al., 2001, p. 163)

[3] Il existe également des baccalauréats plus spécialisés comme celui en enseignement du français langue seconde, proposé dans quatre universités (McGill University, conjointement avec l’Université de Montréal, l’Université Laval, l’Université du Québec à Montréal-TELUQ).

[4] KARSENTI T. (2004). Les TIC et les futurs enseignants: les facteurs qui influencent leur utilisation. Dans D. Biron et M. Cividini (dir.), La formation enseignante au temps des réformes. (pp. 263-280). Sherbrooke: Editions du CRP.

[5] LAROSE F. & PERAYA D. (2001). Fondements épistémologiques et spécificité pédagogique du recours aux environnements virtuels en enseignement: Médiation ou médiatisation? Dans T. Karsenti et F. Larose (dir.), Les TIC... au coeur des pédagogies universitaires. (pp. 31-68) Sainte-Foy: Presses de l'Université du Québec.


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Commentaires
F
L'échange est toujours enrichissant et il est bien dommage que dans notre milieu (l'éducation) certains n'y attachent pas plus d'importance. Personnellement, je ne comprends pas comment on peut être enseignant et individualiste....
F
C'est vrai que la formation continue est la voie d'avenir. N'importe quel professionnel se doit d'entretenir ses connaissances et de les améliorer avec le temps. Il est parfaitement inconcevable qu'un bon nombre de profs arrêtent de s'enrichir et de s'améliorer.<br /> Toutefois, je crois que c'est à l'université même que le bas blesse. En effet, étant moi même étudiant en enseignement (profil univers social, ce qui veut dire Histoire, géographie et éducation à la citoyenneté, j'ai remarqué que mes confrères et consœurs d'étude ne s'en tiennent qu'au minimum de ce que leur profs leur montre; ils ne veulent pas aller au devant et approfondir leurs connaissances (surtout en ce qui à trait à la pédagogie et un peu moins vrai en ce qui concerne le champ de spécialisation et encore).<br /> Ces derniers ne pensent pas plus loin que l'examen et aucunement au comment enseigner ainsi qu'à la théorie qui englobe toute démarche pédagogique.<br /> Pour ce qui est de "vieux" profs, disons que d'après mon expérience lors de mes stages, je leur en ait beaucoup appris en matière de TIC et de leur intégration, en retour, ils ont grandement enrichie mes connaissances de gestions de classe, de planification et de contrôle. Je crois, comme vous l'avez dit, qu'il faut travailler en équipe, c'est même une compétence ultra importante selon moi. En apprenant d'eux, j'ai pu m'améliorer, pourquoi n'apprendraient-ils pas autant de moi sur d'autres aspects...... Il en va de même pour nos étudiants, car nous devons apprendre d'eux aussi et surtout eux de nous......non!<br /> J'ai hâte de lire la deuxième partie!!!!!!
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